Une ONG demande au PE d'exiger la cessation des activités de pêche européennes dans les eaux du Sahara occidental
Les membres de la Commission de la pêche au niveau du Parlement européen (PE) ont à la quasi-totalité exprimé, mardi à Bruxelles, leur refus du renouvellement de l'accord de pêche entre l'Union européenne et le Maroc, conclu en 2006, incluant illégalement le Sahara occidental.
Lors d'un débat organisé au PE, sur un avis juridique du parlement concernant cet accord, ces députés ont reproché à la Commission européenne de "ne pas disposer d'assez d'informations pour être sûre que c'est la population sahraouie qui bénéficie des retombées de l'accord".
Ils ont également reproché à la commission de ne prendre en compte que l'avis du gouvernement marocain sur cette question et d'occulter celui des Sahraouis, qui sont les premiers concernés.
Soulignant qu'ils sont "intéressés" par cet accord, en tant qu'Européens, ils ont, néanmoins, estimé que ce dernier "doit prendre en compte les avis de toutes les parties et répondre aux souhaits de la population sahraouie". Ils ont soutenu que, dans le cas contraire, l'Union européenne "serait contre la légalité internationale". Parmi ces députés, certains ont évoqué également le non-respect, par le Maroc, du droit international, rappelant que l'ONU "dénonce dans son avis juridique sur cet accord l'exploitation illégale des richesses du Sahara occidental".
Ils ont également soulevé le problème du manque de données sur cet accord et demandé, à cet égard, à la Commission européenne, "plus de transparence". Nombre d'entre eux ont déclaré que s'ils ne disposaient pas d'informations dans les "plus brefs délais", ils rejetteraient le renouvellement de cet accord, qui doit intervenir en mars 2011.
Le représentant du service juridique de la Commission européenne, qui a reconnu ne pas disposer de données sur les vrais bénéficiaires de l'accord, a affirmé que l'UE tenterait de les obtenir lors de la prochaine réunion de la commission mixte UE-Maroc. Il a, d'autre part, reconnu que "personne ne contestait le fait que le territoire sahraoui était un territoire non-autonome" et que, partant de cela, "l'ONU dit que les retombées de l'accord doivent se répercuter sur la population sahraouie".
"C'est un débat encourageant qui est en train de mettre à nu une fois encore cet accord de pêche au niveau du Parlement européen, puisque la tendance de la majeure partie des membres sont opposés à cet accord de pêche qui, encore une fois, relève du brigandage international", a déclaré à l'APS le ministre sahraoui délégué pour l'Europe, M. Mohamed Sidati, à l'issue de la réunion.
Ce débat a eu lieu à la suite du rapport juridique élaboré par les experts et les juristes du Parlement européen, a-t-il poursuivi, et la Commission européenne interpellée "a essayé d'éluder les questions fondamentales et pertinentes posées par les députés".
"L'opinion légale des experts juridiques du Parlement européen et le débat qu'elle a suscité augure d'une véritable remise en question des termes de l'accord", a-t-il estimé, soulignant qu'en tant que Sahraouis (peuple, gouvernement et institutions), "nous ne pouvons qu'exprimer notre espoir de voir cet accord remis en cause, en excluant expressément le Sahara occidental. Ce qui vient de se passer et un acquis pour le peuple sahraoui".
Une ONG demande au PE d'exiger la cessation des activités de pêche européennes dans les eaux du Sahara occidental
La coordinatrice internationale de Western Sahara Resource Watch (WSRW) Sara Eyckmans a demandé hier à Bruxelles au Parlement européen (PE) d'exiger que les bateaux européens "cessent immédiatement de pêcher dans les eaux du Sahara occidental", mettant en exergue "l'illégalité" de l'accord de pêche UE-Maroc. "Le Parlement européen doit exiger que la Commission européenne veille à ce que les bateaux européens cessent immédiatement de pêcher dans les eaux du Sahara occidental, et qu'elle cherche à modifier l'accord de pêche pour être conforme au droit international", a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse qu'elle a animée conjointement avec un euro-député portuguais Miguel Portas, et une représentante de la société civile sahraouie Aicha Dahan. "Le Parlement européen ne peut pas ignorer délibérément l'avis clair de son propre service juridique", a-t-elle insisté, faisant allusion à un avis juridique, jusqu'ici confidentiel, stipulant que "la pêche des navires européens dans les eaux du Sahara occidental représente une violation du droit international".
Cet avis appelle la Commission européenne à suspendre ou à modifier l'accord de pêche UE-Maroc afin de garantir que "des navires battant pavillon communautaire soient exclus de l'exploitation des eaux du Sahara occidental". Le nouvel avis a été transmis au Parlement en juillet 2009, mais n'a été rendu public que ce mardi pour être débattu lors de la réunion de la Commission pêche du Parlement. Le service juridique du PE a également fortement recommandé que les souhaits et les intérêts de la population sahraouie autochtone du Sahara occidental soient examinés lors de la prochaine assemblée annuelle de la commission conjointe de la pêche UE-Maroc. "Mais cette recommandation a été complètement ignorée par la Commission européenne, qui n'a même pas inscrit la question à l'ordre du jour de sa dernière réunion, début février", a déploré Sara Eyckmans. "L'UE place le respect du droit international au c£ur de sa politique étrangère, mais elle ferme les yeux en ce qui concerne la pêche au Sahara Occidental", a dénoncé pour sa part l'euro-député portuguais Miguel Portas.
Il a soutenu que "les activités de pêche de l'UE dans les eaux du Sahara occidental, illégales et contraires à l'éthique, ne sont rien moins que du vol, et constituent un soutien implicite à ce que la plupart des pays du monde considèrent comme une occupation illégale du Sahara occidental par le Maroc". De son côté, Aicha Dahan, activiste des droits de l'homme dans les territoires occupés du Sahara occidental, a rappelé que "les populations sahraouies n'ont jamais étaient consultées au sujet de cet accord, et qu'elles ne bénéficient nullement de ses retombées financières".
L'UE envisage de payer le Maroc pour pouvoir pêcher au Sahara Occidental occupé à partir de 2013. L'Accord de Pêche UE-Maroc serait à la fois politiquement controversé et en violation du droit international. La campagne internationale Fish Elsewhere! ("Allez Pêcher Ailleurs!") demande à l'UE d’éviter de telles opérations totalement immorales, et d'aller pêcher ailleurs. Aucune pêche ne devrait avoir lieu au Sahara Occidental avant la résolution du conflit.